Les carreaux « Ciseaux à bois »

L’arbalète est une arme réputée pour sa force depuis longtemps. Les carreaux d’arbalètes se brisant ou se tordant à l’impact est un gros problème depuis toujours. Les carreaux modernes se tordent très facilement, perdent les empennes, la pointe ou le talon… Un seul impact dans n’importe quelle cible qui ne soit pas une cible en mousse prévue à cet effet, signifie quasi automatiquement un carreau en moins.

Les carreaux d’arbalètes médiévales ont des pointes en acier forgé, montées sur fûts de généralement 12 mm de diamètre, pour être tirés par des arbalètes de 400 livres. Si vous tirez sur une cible en bois, le fût cassera rapidement si ce n’est pas au premier coup.

L’arbalète Limousine a pour but d’être l’arme de trait la moins coûteuse possible, c’est pourquoi j’ai inventé un carreau spécialement pour l’arbalète à élastiques : le carreau « Ciseau à bois » :

Le carreau « ciseau à bois » (en raison de sa forme et de sa conception qui le font ressembler à cet outil) est assez différant des autres carreaux d’arbalète. Le fût, va de 12 mm de diamètre pour les plus petites arbalètes (N°1) jusqu’à 18 mm pour les plus grandes (N°3). La pointe est filetée, et vissée profondément dans le fût (~5 cm). Pour finir, une bague est forcée et collée autour du fût afin d’empêcher ce dernier d’éclater. Ces 3 composants créent un ensemble très solide, car grâce à la bague, la pointe devient un excellent renfort pour le fût, garantissant sa solidité lors des impacts. Les empennes, quant à elles, sont profondément enfoncées dans l’épaisseur du fût, puis collées.

Carreau de l’arbalète Limousine N°3, les fûts ont un diamètre de 18 mm, et mesurent 33 cm de long (40 cm avec la pointe).

Non seulement cette forme leur permet d’être extrêmement résistants, elle leur donne également un excellent pouvoir de perforation et d’arrêt. Les carreaux de l’arbalète Limousine N°3 pèsent 100 grammes, et évoluent à 28,6 mètres par secondes, ce qui est relativement lent pour un projectile, ils sont néanmoins capables de traverser un gilet pare-balles.

Si un carreau d’arbalète médiévale a un fût de diamètre d’environ 12 mm, le diamètre de la pointe, que ce soit un perce-armure, un bodkin aiguille ou autres, est d’au moins autant. Une grande partie de la masse du projectile se trouve donc dans la pointe, le fût étant relativement léger. Forcer une pointe de 12 mm de diamètre, avec peu d’inertie, à travers une armure plus un gambison est très difficile, cela nécessite une vitesse de 70 m/s au minimum, hors seules les arbalètes composites (14ème -15ème siècle) de moyenne et forte puissance en sont capables. Les arbalètes à arcs d’acier n’ont qu’une vitesse moyenne de 50 m/s.

Le carreau « Ciseau à bois » de l’arbalète à élastiques, lui, voyage à une vitesse encore plus faible, mais sa masse est très élevée (100 grammes), ce qui lui donne une forte « quantité de mouvement ». Le fût de ce carreau est très lourd, et le diamètre de sa pointe n’est que de 3,5 mm, ce qui signifie que toute l’énergie cinétique et l’inertie de ce carreau se concentrent sur une surface de 3,5 mm de diamètre à l’instant de l’impact, ce qui est énorme, et pousser une pointe de 3,5 mm de diamètre dans une armure est infiniment plus facile qu’avec une pointe de 12 mm.

Le carreau médiéval, lui, n’a que sa vitesse et moins d’inertie pour forcer sa large pointe dans sa cible, ce qui est bien-sûr possible, mais avec une vitesse très élevée, nécessitant une arbalète plus puissante, donc plus difficile à utiliser, donc avec une cadence de tir réduite. Le seul gros avantage de cette configuration est la portée, car cette dernière dépend directement et à 100 % de la vitesse du projectile. Cette arbalète composite (ou moderne) peut donc atteindre sa cible à une cinquantaine de mètres, ce qui est excellent, mais ses carreaux légers sont réduits au rang de munitions, car ils se brisent facilement.

L’arbalète à élastique est une arme à courte portée, chose à savoir. Elle n’atteindra pas facilement de cible au delà de 20 mètres. Mais elle est moins coûteuse, bien plus facile à manier, et autorisera une cadence de tir bien plus élevée. Ses carreaux ne sont pas des munitions, mais des projectiles pouvant servir pendant des années…

Ces carreaux ont également un bon pouvoir d’arrêt, ce qui fait de l’arbalète à sandows une excellente arme de défense du domicile (nous n’aborderons pas le problème de la législation ici, mais seulement la balistique). Le diamètre et la forme des carreaux créent un impact particulièrement choquant, bien supérieur à ce qu’une arbalète classique de même force de tirage, cadence de tir et simplicité peut faire. Bien-sûr les arbalètes de chasse au grand gibier frappent encore plus fort et bien plus loin, mais elles ne sont absolument pas faites pour la défense (cadence de tir infiniment trop lente, et surtout pas le même prix et de très loin…). Les arbalètes à sandows sont des arbalètes de défense, comme les célèbres fusils sciés, elles sont faites pour avoir de la puissance d’arrêt à courte portée, et pouvoir se charger et se recharger le plus rapidement possible.

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